Candidat à un troisième mandat contestable et contesté à la tête de la Côte d’Ivoire, Alassane Ouattara a fini d’installer la chienlit dans le pays qu’il dirige d’une main de fer depuis dix ans. À la violence meurtrière de ces dernières semaines s’ajoutent depuis le samedi 31 octobre 2020 la crise politique et institutionnelle.
Au cours des mois qui ont précédé l’élection présidentielle du 31 octobre 2020, Alassane Ouattara le président ivoirien sortant, « candidat contre son gré » à un troisième mandat à la tête du pays n’a cessé de répéter qu’il va être élu au premier tour. Ses soutiens en ont fait un slogan : un coup KO !! KO est un anglicisme, synonyme de knock-out qui désigne en boxe la mise à terre plus de dix secondes d’un combattant à la suite d’un coup. L’utilisation de ce terme dans le lexique politique n’est pas nouvelle. En 2011, Yayi Boni l’avait utilisé dans sa campagne victorieuse à la présidentielle béninoise. Lui-même s’était doute inspirer de la campagne électorale du Parti socialiste et son candidat Abdou Diouf à la présidentielle 2000 au Sénégal. Ceux-là n’avaient pas été très inspiré puisque Diouf avait perdu au second tour contre Abdoulaye Wade. Les socialistes sénégalais avaient débuté leur campagne très tôt, … quatre ans avant le scrutin !! Le 30 mars 1996, le 13ème Congrès décidait d’être « sans débat », désignait Abdou Diouf comme candidat et lui promettait la victoire « dès le premier tour ». Comme, pour donner raison à célèbre réflexion de Virgile « Jupiter rend fous ceux qu’il veut perdre », de 1996 à Février 2020, ils ont répété ad nauseam leur slogan ! En février- mars 2000, la perspective du deuxième tour avait eût raison de leurs débatteurs les plus chevronnés. Certains d’entre eux déclenchaient l’hilarité sur les plateaux de télévision et dans les studios de radio en parlant de gagner … « dès le second tour » !!!
En marche vers la « catastrophe »
Le slogan d’Alassane Ouattara, n’est donc pas bien original. Cependant, à l’expérience on constate qu’il lui donne un sens bien nouveau. Du champ sémantique du folklore électoral ouest-africain, il glisse au glossaire de la tragédie politique africaine. Au Sénégal en l’an 2000, comme au Bénin en 2011, les processus électoraux s’étaient achevés par des chants et danses pour les vainqueurs. Abdou Diouf avait appelé Abdoulaye Wade pour le féliciter. Rien de tout cela en Côte d’Ivoire. Alassane Ouattara que la France a installé au pouvoir en avril 2011 à coups de bombe sur des populations civiles, au prétexte d’œuvrer pour « la démocratie en Afrique » a mis en place tous les ingrédients du chaos. Depuis sa volte-face spectaculaire et l’annonce de sa candidature le 6 août 2020, un cycle violence mortifère a été enclenché. Aux appels à la manifestation des opposants, le pouvoir a opposé la répression des forces de l’ordre et le déploiement de ses milices. Ces dernières semaines ce sont plusieurs dizaines de personnes qui ont été tués et des centaines blessées dans diverses violences orchestrées par les sbires de Ouattara. Grâce aux réseaux sociaux, les exactions sont documentées.
Aux différents appels au dialogue de la classe politique ou de la société civile, Alassane Ouattara a opposé une fin de non-recevoir. L’ancien président Laurent Gbagbo qui a réitéré son fameux « asseyons-nous et discutons » n’a pas eu plus de succès malgré son avertissement de la « catastrophe » qui guette le pays. En dépit des différentes mises en garde, Alassane Ouattara a maintenu un scrutin qualifié par le Centre Carter de « non inclusif et boycotté qui laisse un pays fracturé ».