
Il est pour le moins surprenant de voir Abdou Latif Coulibaly, ancien ministre ayant activement participé au régime de Macky Sall, se draper aujourd’hui de moralité pour critiquer avec virulence la gestion du président Bassirou Diomaye Diakhar Faye. Après avoir accompagné pendant plus d’une décennie un pouvoir autoritaire et centralisé, il se permet maintenant de donner des leçons de démocratie. Son article, intitulé « Une soumission au PM assumée », se veut une critique acerbe du Président de la République, l’accusant de faiblesse et d’abdication. Pourtant, au lieu de livrer une analyse objective, M. Coulibaly se lance dans une diatribe teintée d’invectives, avec des arguments souvent biaisés, oubliant qu’il a lui-même cautionné un régime répressif à tout point de vue.
Le Président n’a en aucun cas abdiqué ses responsabilités
L’auteur affirme que le président Bassirou Diomaye Diakhar Faye a « abdiqué » ses responsabilités au profit de son Premier ministre. Cette accusation est non seulement fausse, mais également trompeuse. Le président n’a en aucun cas renoncé à ses pouvoirs. Preuve en est qu’il a récemment représenté le pays lors d’une visite d’État en Chine, démontrant son engagement dans les affaires internationales. De plus, le président continue d’exercer ses prérogatives constitutionnelles, notamment à travers la signature des décrets, des nominations aux fonctions civiles et militaires et la dissolution de l’Assemblée nationale. Ces actes démontrent clairement que le président n’a pas cédé sa place au Premier ministre. Ce qu’Abdou Latif Coulibaly appelle une abdication n’est rien d’autre que la démonstration d’une synergie exemplaire entre le Président et son Premier ministre, chacun jouant son rôle en harmonie avec la Constitution.
M. Coulibaly semble confondre le fonctionnement démocratique des institutions et ce qu’il appelle une « soumission » au Premier ministre. Il semble oublier que la fonction de Premier ministre, dans une démocratie parlementaire, est celle d’un chef d’orchestre qui coordonne les actions du gouvernement, mais toujours sous l’autorité du Président. Le Premier ministre, Ousmane Sonko, n’est pas un adversaire du président, mais un collaborateur fidèle, un allié avec qu’il est lié pour la réussite du Projet. C’est ce que M. Coulibaly ne semble pas comprendre. Leur collaboration n’est pas un signe de faiblesse, mais une force. Cela reflète une gouvernance moderne et partagée, où le Premier ministre joue un rôle moteur sous la supervision stratégique du président.
La dissolution de l’Assemblée nationale par le Président Faye a été présentée par M. Coulibaly comme une décision prise par « ruse ». C’est un jugement erroné et dénué de fondement. La dissolution de l’Assemblée nationale est un pouvoir constitutionnel réservé au chef de l’État, que ce dernier a exercé dans l’intérêt supérieur de la nation. Cette dissolution n’a pas été motivée par une « vengeance », mais par la nécessité de renouveler l’institution législative et de permettre au peuple de s’exprimer lors des prochaines élections. Cette démarche témoigne d’un profond respect des institutions démocratiques, contrairement aux insinuations de l’auteur. De plus, un Premier ministre fort implique nécessairement une Assemblée nationale forte, et c’est précisément ce que l’élection législative du 17 novembre 2024 ambitionne d’instaurer : un Parlement renouvelé et dynamique.
La dissolution de l’Assemblée nationale : un acte constitutionnel et démocratique
Il est surprenant que quelqu’un ayant exercé des responsabilités ministérielles pendant 12 ans dans les gouvernements de Macky Sall puisse faire preuve d’une telle méconnaissance du fonctionnement des institutions. En qualifiant la décision présidentielle de « coup en dessous de la ceinture des institutions », M. Coulibaly révèle un manque de compréhension des mécanismes démocratiques. Le rôle du Président est de garantir la stabilité de l’État, et non de se soumettre aux caprices de l’Assemblée. La décision de dissoudre cette institution, loin d’être un signe de faiblesse, s’inscrit dans une volonté de renforcement démocratique. C’est un processus sain qui permet de redonner la parole au peuple et de renforcer la légitimité des élus.
Le style de M. Coulibaly, pour quelqu’un ayant occupé des postes de haute responsabilité, est non seulement irrespectueux, mais également souvent injurieux envers le chef de l’État. Qualifier les actions du président de « ruse malicieuse » ou d’« avalanche dévastatrice » relève davantage de l’invective que de l’argumentation politique. Ce style sensationnaliste nuit à la crédibilité de ses propos et montre un manque de retenue et de respect envers les institutions qu’il prétend défendre. Loin d’une analyse rationnelle et posée, l’auteur sombre dans des attaques ad hominem, ce qui affaiblit considérablement la portée de ses critiques.
Des explications psychologisantes sans fondement
Dans son article, Abdou Latif Coulibaly se permet même de s’aventurer sur le terrain glissant des explications psychologisantes, cherchant à décrypter les prétendues « peurs » et « colères intérieures » du président Bassirou Diomaye Diakhar Faye. Il est difficile de ne pas sourire devant cette tentative maladroite d’endosser le rôle de psychologue amateur. M. Coulibaly, qui n’a aucune formation dans ce domaine, semble s’ériger en analyste des états d’âme du président, sans fournir d’éléments concrets pour étayer ses suppositions. Cela relève davantage de la divination que de l’analyse politique sérieuse. Est-ce là une nouvelle compétence que M. Coulibaly a développée après ses douze ans au gouvernement, où les institutions répressives qu’il servait alors ne lui permettaient guère d’évaluer les émotions de ses collègues ?
Peut-être est-ce aussi la preuve d’une stratégie désespérée pour combler le vide argumentaire de son propos ? En tout cas, ces interprétations hasardeuses sur l’état mental du Président ne font que détourner le débat des véritables enjeux institutionnels et démocratiques. Il est important de rappeler que l’analyse politique se fonde sur des faits, des textes et des actions concrètes, et non sur des spéculations psychologiques. Au lieu de se perdre dans ces explications psychologisantes qui n’ont aucune valeur probante, M. Coulibaly aurait mieux fait de s’en tenir à une lecture rigoureuse des faits. Or, en adoptant ce ton condescendant et en tentant de pénétrer l’esprit du président, il se discrédite davantage. Ces élucubrations sur les « peurs » et « colères » ne servent qu’à détourner l’attention du manque de cohérence de son propre argumentaire. L’analyse politique est une science complexe, qui ne se satisfait ni de simplifications psychologiques, ni de jugements hâtifs. Peut-être faudrait-il que M. Coulibaly se concentre sur ce qu’il connaît le mieux, ou qu’il admette les limites de son expertise, car, en l’état, ses tentatives d’analyse mentale du président font plus sourire qu’elles n’impressionnent.
En conclusion, M. Coulibaly semble avoir une vision déformée des institutions et de la fonction présidentielle. Loin d’être une abdication ou une soumission, la coopération entre le président et le Premier ministre est un exemple de bonne gouvernance. Le président Bassirou Diomaye Diakhar Faye n’a ni abdiqué, ni renoncé à ses prérogatives. Au contraire, il a su s’entourer d’un Premier ministre compétent, charismatique populaire et travailler en étroite collaboration avec lui pour le bien de la nation. Quant à la dissolution de l’Assemblée, elle s’inscrit dans un cadre constitutionnel qui vise à renforcer la démocratie sénégalaise, en permettant aux citoyens de choisir des représentants qui reflètent leurs aspirations.
Les élections législatives du 17 novembre 2024 seront une étape cruciale dans cette évolution institutionnelle. Celles-ci permettront de mettre en place une nouvelle législature, plus forte, plus responsable, et en phase avec les besoins du pays. Cette révolution copernicienne marquera un tournant dans l’histoire de notre démocratie, loin des fantasmes de soumission et d’abdication évoqués par M. Coulibaly. Il est temps d’élever le débat au niveau des enjeux réels, sans tomber dans la caricature ni l’invective.

Analyse
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Excellent article.
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