S’expliquer ou assumer : le silence du pouvoir est inacceptable

La descente des forces de l’ordre dans les studios de 7 TV et de TFM, suivie de la coupure de leurs signaux, a plongé le pays dans un silence officiel incompréhensible. Aucun ministère, aucune autorité n’a revendiqué ni même expliqué cette décision. Dans une République qui se veut de rupture, le mutisme n’est pas une option tolérable.

Il y a des silences qui font plus de dégâts que des fautes. Ce qui s’est passé à 7 TV et à TFM ne peut rester sans explication. Des gendarmes pénétrant dans des rédactions, des journalistes interpellés, des signaux coupés sur la TNT, et depuis… rien. Pas une ligne officielle, pas une voix pour assumer.

Pourtant, selon Jeune Afrique, ni le CNRA, ni la Télédiffusion du Sénégal, ni le ministère de la Communication, ni le Bureau d’information du gouvernement n’ont reconnu avoir ordonné l’intervention. Aucun document, aucune notification, aucune trace. Deux médias nationaux réduits au silence sans que personne ne dise pourquoi, ni au nom de qui ? Ce flou n’est pas seulement une anomalie administrative : c’est une faute politique.

On ne peut pas faire la transparence budgétaire et tolérer l’opacité institutionnelle. On ne peut pas mettre fin aux fonds politiques et laisser s’installer un brouillard de responsabilités. Gouverner, c’est rendre des comptes — toujours, surtout quand l’acte en cause touche à la liberté d’informer.

Si la mesure a été légale, qu’on en montre la base. Si elle a été improvisée, qu’on le reconnaisse et qu’on en tire les conséquences. Mais il faut parler, car le silence de l’État est la première forme de censure. Ceux dont la responsabilité est engagée doivent sortir de leur cachette. La République n’est pas une maison d’ombres.

Le peuple sénégalais a voulu un gouvernement de vérité, pas un pouvoir qui se dérobe. Ce qui s’est passé est un test : celui de la cohérence entre les paroles et les actes, entre la promesse de rupture et la pratique du pouvoir.

Expliquer ou assumer — c’est la seule voie de responsabilité. Car un pouvoir qui se tait sur un acte incompris finit par en porter le soupçon.