Face au système, Sonko ravive la flamme du 24 mars 2024

La déclaration d’Ousmane Sonko, Président du PASTEF et Premier ministre du Sénégal, lors de l’installation, hier – jeudi 10 juillet 2025 – du Conseil national de PASTEF a eu l’effet d’un électrochoc dans l’espace politico-médiatique. D’un ton ferme, mais fidèle à la ligne de la révolution citoyenne, il a exprimé un malaise partagé par une frange significative du peuple sénégalais : la lenteur dans la mise en œuvre des ruptures promises. Ce constat, formulé avec lucidité, a mis à nu les tensions internes d’un système en pleine mutation, encore traversé par les réflexes du passé.

La réaction du vieux monde ne s’est pas fait attendre. Madiambal Diagne, éternel porte-parole du pouvoir défunt, a tenté de se donner un rôle de sentinelle de la République en exigeant ni plus ni moins que le président Bassirou Diomaye Faye sanctionne son Premier ministre… ou démissionne. Une posture à la fois grotesque et révélatrice. Grotesque, car elle outrepasse toute décence démocratique. Révélatrice, car elle trahit la panique d’un système qui sent le sol se dérober sous ses pieds. À cette chorale des gardiens de l’ordre ancien, s’est joint, sans grande surprise, Thierno Alassane Sall, dans une posture d’ « opposant de réserve », toujours prompt à donner des leçons de vertu à géométrie variable.

Une parole d’exigence, non de défiance

Mais que dit réellement le Président de PASTEF, Ousmane Sonko ? Rien d’autre que ce que pense la majorité des militants, des électeurs et des citoyens qui ont porté au pouvoir l’espoir d’un changement profond : la reddition des comptes des anciens gestionnaires, les grandes réformes de structure, les enquêtes sur les violences d’État, l’instauration d’une justice sociale et d’un État au service du peuple. Il n’a pas rompu avec sa ligne : il l’a rappelée, comme un métronome qui maintient le tempo du projet révolutionnaire.

Ce n’est ni une sortie hasardeuse ni un acte de désobéissance. C’est un acte de responsabilité politique, un rappel à l’ordre de la révolution en marche. Car PASTEF n’est pas un parti d’alternance gestionnaire. Il est porteur d’un horizon de transformation : l’instauration d’un nouvel État, débarrassé des logiques néocoloniales, clientélistes et technocratiques. En ce sens, la déclaration du Premier ministre Sonko n’est pas une interpellation du Président Bassirou Diomaye Faye, mais un écho à une attente populaire. Il ne s’agit pas de diviser, mais d’accélérer. Pas de remettre en cause, mais de redonner du souffle à une dynamique révolutionnaire qui ne saurait s’embourber dans la gestion pure.

Mettre du carburant dans le moteur de l’Histoire

Les tenants de l’ancien régime voudraient voir dans cette déclaration une faille, une fracture, une discorde. Ils feignent d’ignorer qu’il s’agit en réalité d’une respiration démocratique, d’un exercice de vérité au service du peuple. La révolution citoyenne qui a porté le PASTEF au pouvoir ne peut se permettre la langueur ni le compromis. Elle doit continuer à marcher sur ses deux jambes : la radicalité du projet et la cohésion stratégique. Le peuple n’a pas voté pour une cohabitation feutrée avec les reliques, mais pour un changement de cap historique.

Face aux injonctions des forces de la réaction, PASTEF doit rester l’aiguillon de la transformation. Il lui revient de rassurer le peuple par l’action, de le galvaniser par la parole, de l’organiser par la réforme. En disant tout haut ce que beaucoup pensent tout bas, Ousmane Sonko n’a pas affaibli le pouvoir. Il l’a renforcé, en lui rappelant qu’il puise sa légitimité dans la volonté populaire. Et si certains s’en offusquent, c’est sans doute parce qu’ils savent qu’une chose est désormais irréversible : la révolution est en marche. Et elle ne s’excuse pas de parler haut et clair.