Éditorialistes de la nostalgie, chroniqueurs de la confusion

À l’heure où cette note de blog est rédigée, alors que Gaza vit sous les bombes et la famine, Israël choisit l’escalade en attaquant directement l’Iran, ajoutant à l’occupation coloniale un conflit interétatique aux conséquences incalculables. Ce n’est plus seulement la Palestine qui est en jeu : c’est la stabilité du monde et l’avenir du droit international.

Cette guerre marque un basculement : le droit s’efface, la force s’impose. Et dans ce chaos, Gaza reste l’épicentre moral. Le 12 juin, 149 États à l’ONU ont exigé un cessez-le-feu : la majorité de l’humanité s’est levée, tandis qu’une poignée d’États (États-Unis, Israël, Argentine, Hongrie, Fidji, Micronésie, Nauru, Papouasie Nouvelle-Guinée, Paraguay, Tonga, Tuvalu) s’y opposait. L’Afrique, elle, a pris position — du vote massif à l’action juridique de l’Afrique du Sud.

Le Sénégal, lui aussi, a choisi son camp : celui des principes et du droit international. Car chaque guerre mondiale commence loin, puis frappe ici : nos ports, nos prix, nos peuples. Refuser la justice là-bas, c’est préparer l’instabilité ici.

Quand la critique oublie l’histoire

Mais pendant que le Sud global se dresse, certains, chez nous, s’égarent dans l’anachronisme. Leur obsession ? L’arrestation d’un ancien député recyclé en distributeur d’injures. Depuis des années, l’invective est l’essence même de ce qu’il comprend de la politique. L’injure comme méthode, la diffamation comme langage. Sous Macky Sall, il en jouissait en toute impunité, protégé par le pouvoir qu’il servait alors sans réserve.

Depuis son placement en détention, une petite cohorte d’anciens dignitaires reconvertis en éditorialistes s’est remise à écrire — ou plutôt à déclamer. Pour eux, le Sénégal serait devenu un clone de l’Allemagne nazie. Ils convoquent la République de Weimar, Hitler, comme si l’histoire servait désormais à commenter des faits divers judiciaires. Point Godwin mérité.

Mais tout ce vacarme dissimule mal une vérité embarrassante : les articles 80 et 254 qu’ils dénoncent aujourd’hui sont issus du Code pénal colonial, conservés et utilisés par tous les régimes, y compris le leur, sans qu’ils ne s’en soient jamais émus. Aujourd’hui, ces mêmes instruments sont dans le viseur du nouveau pouvoir, qui a clairement affiché sa volonté de les réformer pour les arrimer aux standards démocratiques. Pourtant, ceux qui s’indignent le plus fort ne l’ont jamais fait quand ces lois servaient à bâillonner d’autres voix. Ce qui les inquiète, au fond, ce n’est pas l’état de droit — c’est d’avoir perdu le monopole du discours et le confort des privilèges passés.

Une boussole claire : relier l’Afrique à l’Afrique, justice fiscale

Pendant qu’ils recyclent les analogies grotesques, le Premier ministre Ousmane Sonko agit. Recevant son homologue congolais à Dakar, Anatole Collinet Makosso, après une tournée stratégique dans la sous-région, il a rappelé une évidence oubliée : la diplomatie commence en Afrique. Loin des réflexes coloniaux, il propose une redéfinition des échanges sud-sud — plus justes, plus utiles, plus autonomes.

Le constat est clair : l’Afrique de l’Ouest importe massivement du bois congolais transformé à l’extérieur, à grands frais. Le Premier ministre Ousmane Sonko défend une autre logique : que le secteur privé sénégalais investisse sur le continent, transforme localement, et fasse du Sénégal une plateforme régionale. Un projet sobre, réaliste, panafricain.

Mais ce projet exige une fiscalité saine, équitable et ferme. Fini les privilèges des entreprises qui extrayaient, engrangeaient et repartaient sans rien laisser. Tous les codes économiques sont en réforme, pour garantir sécurité, attractivité et exigence. Pas de paradis fiscal, pas de laxisme : un contrat clair.

Le développement ne se décrète pas, il se construit

La tournée de 48 heures du Président Diomaye Faye dans la région de Saint-Louis en dit long. Entre Ndiayène Pendao, Richard-Toll et Ross Béthio, il a visité des unités agricoles, des usines de transformation, des périmètres irrigués. Pas de grandes phrases, mais des gestes concrets. Une politique de terrain, qui relocalise la production, valorise les territoires, et relie le discours à l’action.

C’est là que se joue la vraie rupture. Pas dans les éditoriaux de la nostalgie, mais dans l’alignement entre vision panafricaine, souveraineté productive et justice fiscale.