Changer avec courage, construire avec méthode

Le peuple sénégalais a tranché. À deux reprises, il s’est exprimé avec une clarté sans appel : le 24 mars 2024, il a élu Bassirou Diomaye Faye à la magistrature suprême, scellant le rejet d’un régime autoritaire et de démission nationale ; le 17 novembre, il a offert une majorité parlementaire confortable à PASTEF et son président, le Premier ministre Ousmane Sonko, confirmant son désir profond de changement. La révolution citoyenne ne relève donc plus du projet, elle est réalité. Elle ne se prépare plus, elle s’exerce.

Et pourtant, le danger guette. Celui de l’immobilisme. Celui d’une révolution qui, à force de vouloir se montrer raisonnable, risque de devenir invisible. De se dissoudre dans les formes et les précautions. Une révolution trop formaliste, trop respectueuse des cadres qu’elle est censée dépasser, peut être bridée, voire déraillée, par ceux-là mêmes dont elle dénonçait la logique. Récemment encore, un frémissement venu des hauteurs institutionnelles a laissé entrevoir les résistances que peut rencontrer l’élan transformateur.

Mais la révolution sénégalaise ne s’est pas nourrie de demi-mesures. Elle s’est forgée dans la rue, dans les prisons, dans les deuils. Elle a vu tomber des jeunes pour la justice, des militants pour la vérité, des voix pour la dignité. Elle s’est construite contre les lenteurs, contre les compromissions, contre les postures. Elle n’est ni un vernis ni une parenthèse. Elle est un basculement, une bifurcation historique. Et cette histoire ne peut pas s’écrire à l’encre effacée des normes anciennes.

Faire des aspirations populaires la force du droit

L’heure est venue de passer de la révolte incarnée à l’État refondé. La majorité parlementaire acquise le 17 novembre 2024 ne peut être un simple outil de gouvernance. Elle doit être l’arme d’une refondation. Le socle d’un activisme législatif à la hauteur des espoirs populaires. Il faut, sans attendre, engager des réformes majeures : une loi de réforme de la justice, pour en finir avec les connivences et l’impunité ; une loi d’orientation économique souveraine, rompant avec la dépendance financière et les logiques de prédation ; un nouveau cadre de gestion des ressources naturelles, transparent, équitable, panafricain.

Légiférer, ici, ce n’est pas administrer. C’est réparer. C’est redistribuer la parole et le pouvoir. C’est démontrer que le changement n’est pas une promesse, mais une politique. L’Assemblée nationale doit être un laboratoire d’initiatives, un théâtre de propositions, un levier de rupture. Sans cela, la révolution se videra de son contenu et la confiance populaire se muera en amertume.

Ce peuple ne craint pas la radicalité. Il en a fait sa voie. Il sait qu’un pouvoir qui explore, qui cherche des voies nouvelles, peut parfois trébucher, mais que celui qui trahit ne se relève pas. Il est prêt à accompagner, à critiquer, à corriger – mais à condition que le cap soit clair, et les gestes courageux. Il ne demande pas l’impossible. Il exige la cohérence, et surtout : le mouvement. La stagnation, elle, est le vrai risque.

Assumer le tourbillon, éviter l’échouement

Changer, vraiment changer, c’est oser le tourbillon. Non pas pour le chaos, mais pour la clarté. Ce moment révolutionnaire est l’occasion d’ouvrir les fenêtres, de dépoussiérer les dogmes, de renverser les tabous. Osons gouverner autrement, penser autrement, décider autrement. Il faut inventer une autre manière de faire justice, une autre manière de concevoir l’économie, une autre manière de parler au monde.

La révolution sénégalaise ne suit aucun script importé. Elle a une seule boussole : le peuple. Ce peuple qui a parlé deux fois, avec clarté, ne demande ni validation extérieure ni prudence calculée. Il exige que ceux qu’il a portés au pouvoir gouvernent en son nom, à partir de ses réalités, pour ses intérêts.

Et nous n’avons aucun doute : le Président Bassirou Diomaye Faye et le Premier ministre Ousmane Sonko sont résolument engagés sur cette voie.

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Auteur : Félix Atchadé

Je suis médecin, spécialiste de Santé Publique et d’Éthique Médicale. Je travaille sur les questions d’équité et de justice sociale dans les systèmes de santé. Militant politique, je participe à l'oeuvre de refondation de la gauche sénégalaise.

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