Lettre ouverte à Macky Sall : le déni ne suffira pas

Monsieur Macky Sall,

Votre dernière tentative de vous dédouaner des accusations sur votre gestion financière calamiteuse est non seulement trompeuse, mais profondément méprisante pour l’intelligence des Sénégalais. Oser qualifier de « procédé politique » les conclusions accablantes de la Cour des comptes relève d’un cynisme absolu. Ce n’est pas un parti politique qui vous accuse, c’est une institution indépendante, dont les révélations sur votre gestion désastreuse ne laissent place à aucune équivoque. Vous avez manipulé les chiffres, dissimulé l’ampleur de la dette et plongé le Sénégal dans une situation économique périlleuse.

Un déni de responsabilité face à une gestion désastreuse

Et comme toujours, c’est dans la presse étrangère que vous choisissez de vous exprimer. Dans un entretien avec Jeune Afrique, vous balayez d’un revers de main les conclusions de la Cour des comptes, qualifiant le débat sur la dette de simple « procédé politique »​. À croire que vous vous adressez davantage aux chancelleries occidentales qu’au peuple sénégalais, celui-là même qui subit les conséquences de votre gestion.

Sous-estimer la dette publique de 25 %, ce n’est pas une « approximation », c’est une falsification pure et simple. Annoncer un déficit budgétaire de 4,9 % quand il atteignait en réalité 12,3 %, c’est de la tromperie d’État. Votre gouvernement n’a pas seulement été imprudent, il a été irresponsable. Et aujourd’hui, au lieu d’assumer vos actes, vous vous drapez dans une indignation feinte, espérant tromper une dernière fois l’opinion publique.

Votre défense est pathétique. Brandir la « certification annuelle des comptes » comme un gage de transparence alors que la Cour des comptes elle-même met en lumière des anomalies massives, c’est prendre les Sénégalais pour des naïfs. Vous avez accumulé les dettes comme un joueur de casino accro à la dépense publique, sans la moindre considération pour les générations futures qui devront payer la facture de vos errements. Pire, une partie de cette dette, contractée hors circuit budgétaire, n’a même pas été retracée dans les comptes de l’État. Où est passé cet argent, Monsieur Sall ?

Loin du Sénégal, mais toujours prompt à se justifier

Quant à votre sortie condescendante sur le gouvernement actuel, en affirmant qu’il « n’a qu’à travailler », elle est aussi absurde que révélatrice de votre arrogance. Douze ans au pouvoir, une économie exsangue, une démocratie fragilisée, et vous osez encore donner des leçons ! Ce pays que vous prétendez avoir laissé en paix, vous l’avez saigné à blanc, tant sur le plan économique que démocratique. La paix ne se limite pas à l’absence de guerre civile, elle suppose aussi la justice, la probité et le respect des institutions. Or, sous votre règne, la gabegie a été érigée en système, les opposants jetés en prison, et la parole publique souillée par le mensonge et la manipulation.

Vous avez fui au Maroc, loin des conséquences de votre gestion désastreuse, et vous continuez à parler comme si de rien n’était. Mais le Sénégal a tourné la page, et l’histoire retiendra votre nom non pas comme un bâtisseur, mais comme celui qui a trahi la confiance d’un peuple. Aujourd’hui, la moindre des choses serait de faire profil bas, d’avoir la décence d’un silence sobre au lieu de vous répandre en justifications creuses.

Monsieur Sall, votre époque est révolue. Et si vous aviez un tant soit peu de considération pour ce pays que vous avez gouverné, vous commenceriez par reconnaître vos fautes au lieu de chercher désespérément à réécrire votre propre bilan. Mais il faut croire que l’aveu et la remise en question ne font pas partie de votre héritage politique.