PASTEF n’est pas un Parti-État : quand les illusions s’évanouissent

Dans les turbulences de l’actualité sénégalaise, une nomination en apparence ordinaire a mis le feu aux poudres : celle de madame Aoua Bocar Ly-Tall au sein du Conseil national de régulation de l’audiovisuel (CNRA). Sur les réseaux sociaux, des voix militantes de PASTEF ont contesté cette décision, suscitant une vague d’interprétations et d’accusations. Ce qui n’était qu’un débat interne à une démocratie vivante s’est vite transformé en prétexte pour les pourfendeurs de PASTEF, qui y ont vu l’ombre d’un prétendu Parti-État se dessiner​.

Certains acteurs politiques et médiatiques ont crié au « monstre », dénonçant une supposée mainmise de PASTEF sur les institutions. L’argument semble frappant, mais il repose sur le vide sidéral, nourri par une méconnaissance des dynamiques politiques actuelles et des leçons de l’histoire. Pour répondre à ces attaques, il convient de rétablir les faits et d’examiner en profondeur ce qu’est réellement un Parti-État, tout en montrant que PASTEF s’inscrit dans une logique opposée, réformiste et pluraliste.

 PASTEF face à l’accusation de Parti-État : une allégation sans fondement

PASTEF ne peut être assimilé à un Parti-État, une accusation qui relève davantage d’une tentative de discrédit que d’une analyse rigoureuse. Historiquement, des exemples comme le Parti communiste de l’Union soviétique (PCUS) ou le Parti communiste de Chine (PCC) montrent ce qu’est un Parti-État : une structure où le parti monopolise totalement l’appareil d’État et la vie publique. PASTEF, en revanche, opère dans un cadre multipartite garantissant le pluralisme, ce qui exclut toute confusion avec ce modèle.

Les réflexions de Lénine, Max Weber et Simone Weil renforcent cette distinction. Lénine voyait le parti comme un guide des masses, non une autorité coercitive. Weber le considérait indispensable en démocratie, tout en mettant en garde contre sa bureaucratisation excessive. Weil, critique des partis en général, dénonçait leur tendance totalitaire, mais PASTEF, par son orientation réformiste et inclusive, échappe à ces dérives. En privilégiant réflexion et formation, il se distingue clairement des Partis-États historiques. Ainsi, les cadres théoriques proposés par ces penseurs soulignent que des partis réformistes et inclusifs comme PASTEF s’opposent fondamentalement aux modèles autoritaires qu’ils décrivent.

Le rejet du Parti-État depuis le commencement

En 1962, le Sénégal traverse une crise politique majeure, opposant Léopold Sédar Senghor, président de la République, à Mamadou Dia, alors président du Conseil. En suggérant que le Conseil national de l’Union progressiste sénégalaise (UPS, parti au pouvoir) puisse avoir prééminence sur le groupe parlementaire du parti à l’Assemblée nationale, Dia fut accusé de vouloir instaurer une domination partisane des institutions étatiques. Cet épisode, interprété par ses détracteurs comme une tentative de subordination de l’État au parti se solda par son arrestation et sa condamnation pour tentative de coup d’État.

Cependant, cet événement révèle aussi l’attachement profond de Mamadou Dia à un projet politique novateur et souverainiste, tout en mettant en lumière le rejet catégorique, dès les premières années de l’indépendance, de l’idée d’un Parti-État au Sénégal. Aujourd’hui, en érigeant Mamadou Dia en figure tutélaire, PASTEF revendique cet héritage de respect du pluralisme et de séparation des sphères étatique et partisane. Contrairement aux critiques qui lui sont adressées, le parti s’inscrit dans cette tradition, refusant toute ambition de fusion entre l’État et son projet politique.

Dans l’histoire politique du Sénégal, l’idée d’un Parti-État n’a jamais effleuré ni ceux qui ont gouverné, ni ceux qui aspirent sérieusement à gouverner, témoignant d’un attachement profond au pluralisme et à la séparation entre l’État et les partis. Même l’Union Progressiste Sénégalaise (UPS), qui devint en 1976 le Parti socialiste (PS) sous la direction de Léopold Sédar Senghor, souvent considérée comme l’une des organisations politiques les mieux structurées de l’histoire du pays, ne peut être qualifiée de Parti-État. De même, ni le Parti démocratique sénégalais (PDS) d’Abdoulaye Wade ni l’Alliance pour la République (APR) de Macky Sall n’ont jamais sérieusement incarné un Parti et encore moins un Parti-État. Ces formations, bien que politiquement dominantes à certains moments, étaient essentiellement des machines électorales, sans pour autant absorber l’appareil d’État de manière hégémonique.

Le PRPB au Bénin : la prétention sans la réalité

Sous le régime de Mathieu Kérékou, le Parti de la révolution populaire du Bénin (PRPB) se présente comme un Parti-État au service de l’idéologie marxiste-léniniste. En théorie, il devait contrôler l’ensemble des institutions et piloter le développement du pays. En pratique, cependant, le PRPB n’a jamais atteint cette centralisation effective. L’État béninois restait un appareil clientéliste, marqué par des tensions régionalistes et des rivalités internes, qui limitaient la capacité du PRPB à imposer une véritable emprise sur toutes les sphères de la société.

Ce contraste entre les prétentions idéologiques et la réalité institutionnelle montre que même des partis se réclamant explicitement du modèle du Parti-État échouent souvent à le concrétiser. PASTEF, avec son approche réformiste et pluraliste, est à des années-lumière de ces dynamiques autoritaires.

Le PDG en Guinée : une personnalisation de l’État

En Guinée, sous Sékou Touré, le Parti démocratique de Guinée (PDG) se définissait officiellement comme un Parti-État, proclamant son rôle central dans toutes les décisions politiques et sociales. Cependant, ce modèle était davantage une personnification du pouvoir par Sékou Touré qu’une réelle fusion institutionnelle. Le PDG, loin d’être une organisation autonome et institutionnalisée, fonctionnait comme un prolongement de l’autorité personnelle de son leader.

Lorsque Touré est mort en 1984, le système qu’il avait construit s’est effondré, révélant l’absence de structuration durable du PDG. Ce cas met en lumière la fragilité des prétendus Partis-États qui reposent sur des dynamiques autoritaires plutôt que sur des bases démocratiques solides. PASTEF, en revanche, se distingue par son effort constant pour renforcer les institutions démocratiques sénégalaises, loin de toute logique de personnalisation du pouvoir.

PASTEF, un parti démocratique engagé pour le pluralisme

PASTEF s’affirme comme un parti démocratique profondément attaché au pluralisme. Tout dans son programme et ses thèmes de campagne renvoie à une volonté de renforcer les institutions républicaines, en plaçant la transparence, l’inclusion et la souveraineté nationale au cœur de son action. Loin des logiques hégémoniques, le parti milite pour une gouvernance respectueuse des principes fondamentaux de la démocratie.

En portant un projet réformateur, PASTEF aspire à promouvoir un État au service de tous, sans jamais subordonner les institutions à une logique partisane. Ce positionnement lui permet de se distinguer comme une force politique qui, même au pouvoir, veille à garantir le respect des règles démocratiques et l’expression de toutes les voix dans la sphère publique. PASTEF incarne ainsi une force crédible, engagée dans la construction d’un Sénégal pluraliste et juste. PASTEF  est une force politique exemplaire qui prépare des cadres compétents pour servir le pays avec justice et responsabilité.

Quant aux accusations de Parti-État, il convient de rappeler à leurs auteurs que les modèles du PCUS ou du PCC n’ont ni les racines historiques ni la vocation nécessaire pour s’épanouir sous le ciel sénégalais.

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Auteur : Félix Atchadé

Je suis médecin, spécialiste de Santé Publique et d’Éthique Médicale. Je travaille sur les questions d’équité et de justice sociale dans les systèmes de santé. Militant politique, je participe à l'oeuvre de refondation de la gauche sénégalaise.

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