Macky Sall et l’APR : fossoyeurs de la pensée et de la recherche !

L’annulation de la dédicace de l’ouvrage l’idée de la Casamance autonome[1] à la librairie Aux Quatre Vents n’est que la dernière farce d’un parti — l’Alliance pour la République (APR) — en quête désespérée de revanche après la déculottée de l’élection présidentielle du 24 mars 2024. Cette décision est à mettre au crédit des disciples du dictateur déchu Macky Sall, toujours aussi prompts à censurer dès qu’il s’agit de museler la pensée. Macky Sall qui a toujours eu du mal avec les idées complexes, prouve encore une fois qu’il ne peut tolérer la moindre divergence intellectuelle. S’il fallait une nouvelle preuve de son anti-intellectualisme viscéral, la voilà.

La librairie a cédé. Face à qui ? À quelques cris orchestrés par ceux qui, manifestement, ne comprennent rien aux enjeux historiques ou scientifiques. Cette censure, dictée par la peur de déplaire aux forces réactionnaires de l’APR, marque un recul inquiétant pour la liberté académique. Mais au-delà de cet acte isolé, c’est le silence de la communauté universitaire qui choque. Où sont les défenseurs de la liberté de recherche ? Où sont nos intellectuels, nos enseignants, nos chercheurs, censés être les premiers à s’indigner ?

Cheikh Yerim Seck : l’imposture intellectuelle en direct à la télévision

Cheikh Yerim Seck, quant à lui, mérite une mention spéciale dans cette triste histoire. Premier à tirer sur l’ouvrage de Séverine Awenengo Dalberto, Cheikh Yerim Seck s’illustre une fois de plus dans ce qu’il sait faire de mieux : déblatérer sur des sujets qu’il ne comprend manifestement pas. Cet homme, sans culture et enfermé dans des opinions aussi simplistes que mal informées, est devenu l’incarnation même de l’hostilité envers la Casamance. Et pourtant, il continue d’être invité sur les plateaux, comme si son avis avait une quelconque valeur. Peut-être est-ce là le plus grand mystère de cette affaire : comment un individu aussi déconnecté des réalités intellectuelles et historiques peut-il encore avoir une tribune ?

Cheikh Yerim Seck semble avoir fait de la Casamance sa marotte favorite, sans jamais en comprendre les véritables enjeux. À ses yeux, il suffit de décréter que la Casamance représente une menace pour l’unité nationale pour clore tout débat, comme s’il s’agissait de sa manière de manifester un nationalisme dévoyé, où la répression remplace la réflexion. En diabolisant la région, il alimente un discours réducteur qui ignore les racines profondes du conflit et empêche toute compréhension réelle de ses enjeux. C’est simple, c’est direct, et c’est surtout faux. Mais voilà, quand on manque de profondeur, on compense par des éclats de voix. Cheikh Yerim Seck est le parfait exemple de cet anti-intellectualisme ambiant, où l’on préfère hurler plutôt que réfléchir.

Macky Sall, l’ennemi juré des universités

Ce n’est pas une surprise de voir Macky Sall et ses acolytes mener cette croisade contre la pensée libre et la recherche. Ce n’est pas la première fois qu’il fait taire les lieux de savoir. Souvenons-nous de ces moments où, à la moindre contestation, Macky Sall n’hésitait pas à fermer les universités pour protéger ses intérêts politiques. Après tout, pourquoi permettre aux jeunes d’acquérir une éducation critique quand on peut les priver de leur droit d’apprendre ? Le savoir est une menace pour ceux qui craignent les idées. L’université a toujours été un lieu de débats, de contestations, d’intelligence vive — tout ce que Macky Sall ne tolère pas.

Aujourd’hui encore, même hors du pouvoir, ses partisans continuent cette œuvre destructrice, attaquant tout ce qui pourrait stimuler l’intellect. L’annulation de cette séance de dédicace n’est que le prolongement logique de cette idéologie répressive. Un livre qui retrace l’histoire complexe de la Casamance et de ses luttes autonomistes ne représente en rien une menace pour l’unité du pays. Au contraire, c’est en analysant nos tensions passées que nous pouvons mieux comprendre et renforcer notre cohésion nationale.

Un dangereux précédent pour la liberté académique

Ce qu’il faut comprendre, c’est que cette affaire crée un précédent particulièrement dangereux. Si l’annulation d’une simple dédicace peut se produire sans que personne ne bronche, que se passera-t-il demain ? C’est la porte ouverte à toutes les formes de censure. Ce qui rend cette situation encore plus préoccupante, c’est le silence d’une grande partie de la communauté universitaire. Nous devrions être nombreux à défendre Séverine Awenengo Dalberto, à exiger que ses recherches soient entendues, discutées, critiquées, mais jamais muselées. L’absence de réaction ferme de la part des intellectuels est un aveu de faiblesse qui menace la liberté de recherche dans notre pays.

Macky Sall et ses partisans pensent-ils vraiment qu’ils peuvent museler la pensée par la censure ? L’unité nationale ne se construit pas en interdisant des livres. Il faut être bien naïf pour croire que la cohésion d’un pays peut être ébranlée par quelques pages d’histoire. Ce qui fait la force d’une nation, c’est sa capacité à débattre, à accepter les divergences, à comprendre ses tensions pour mieux les dépasser. Un livre ne détruira pas cette volonté commune de vivre ensemble. Seuls les gens faibles, terrifiés par la pensée, croient que la censure est une solution.

L’unité nationale peut résister à un livre, mais pas à une dictature

Il est tout simplement risible de penser qu’un ouvrage historique peut menacer l’unité nationale. En orchestrant cette campagne contre un livre, Macky Sall et son parti, l’APR, ne cherchent pas seulement à censurer la pensée, mais à mettre en difficulté le pouvoir actuel. En s’opposant à la tenue d’une simple dédicace, ils tentent de créer des tensions là où il n’y en a pas, espérant ainsi embarrasser le président Bassirou Diomaye Faye et son gouvernement. Leur objectif est clair : faire croire que la liberté d’expression et la liberté académique sont des menaces pour l’unité nationale, alors qu’elles en sont les fondements. Ils semblent oublier que l’unité nationale repose sur un dialogue constant, un consensus qui se construit chaque jour par l’échange et la compréhension mutuelle. La rébellion en Casamance, malgré ses vicissitudes, n’a jamais réussi à remettre en cause ce lien indéfectible. Croire qu’un livre pourrait y parvenir est non seulement ridicule, mais aussi révélateur d’un manque flagrant de confiance dans la solidité de notre nation.


[1] Awenengo Dalberto, Séverine. L’idée de la Casamance autonome. Possibles et dettes morales de la situation coloniale au Sénégal. Paris : Karthala, 2024.

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Auteur : Félix Atchadé

Je suis médecin, spécialiste de Santé Publique et d’Éthique Médicale. Je travaille sur les questions d’équité et de justice sociale dans les systèmes de santé. Militant politique, je participe à l'oeuvre de refondation de la gauche sénégalaise.

Une réflexion sur « Macky Sall et l’APR : fossoyeurs de la pensée et de la recherche ! »

  1. je n’aurai pu mieux dire. Merci beaucoup Mr Atchade. C’est tellement triste et désolant de voir la dégradation de la pensée, du sens critique et juste de la liberté académique ! Le savoir et la compréhension sont si importants, ce livre n’a même pas été lu par ce soi-disant Mr. Ses commentaires ne reposent su aucune base…

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