La nouvelle démocratie sénégalaise : plus forte que les mensonges

L’approche des élections législatives au Sénégal suscite des analyses pour le moins passionnées. Certains devins annoncent une « montée de tension politique », d’autres murmurent qu’il y a les premiers jalons d’un régime liberticide. Si l’on prenait au mot ces grands théoriciens de l’apocalypse politique, il semblerait que Dakar est à deux pas de sombrer dans le chaos. Or, la réalité est, comment dire… nettement plus paisible. Nous sommes loin, très loin, des scènes dantesques que la capitale sénégalaise a connues il n’y a pas si longtemps. Là où les chars de gendarmerie et les escouades armées faisaient partie du décor urbain quotidien, il ne reste aujourd’hui que des réminiscences, alimentées par ceux qui semblent regretter ces images fortes.

En réalité, le Sénégal est en train de montrer au monde un exemple de révolution citoyenne démocratique. Ceux qui parlent d’étouffement des libertés ne font que projeter leurs propres fantasmes. Le régime du Président Bassirou Diomaye Faye a su instaurer un climat apaisé, où la justice reprend ses droits, et où chacun peut s’exprimer dans les limites d’un État de droit renforcé. Mais bien sûr, cela ne plaît pas à tout le monde.

Des vagues ou un verre d’eau renversé?

Il est amusant de constater avec quelle facilité certains analystes ressassent cette idée d’une tension politique rampante, comme s’ils étaient nostalgiques des événements de 2021, 2022, 2023 et début 2024, lorsque la dérive dictatoriale de Macky Sall avait enflammé les rues et saturé l’agenda médiatique. Mais cette fois-ci, qu’avons-nous vraiment ? Quelques convocations à la police, un journaliste empêché de voyager, et un acteur politique qui s’agite avant même que l’épreuve des urnes ne commence. Pour un pays qui a déjà connu l’angoisse de centaines de prisonniers politiques et une répression sanglante sous l’ancien régime, cela ressemble davantage à une tempête dans un verre d’eau.

Prenons l’exemple de Madiambal Diagne, ce journaliste aux prises avec une interdiction de sortie du territoire. Une histoire dans laquelle il affirme être coincé au Sénégal faute de pouvoir rendre un passeport diplomatique qu’il n’a jamais possédé. Il raconte, bien sûr, l’histoire à moitié. Il faut regretter l’absence de communication claire des autorités policières sur le sujet, mais ce qui est amusant, c’est que Madiambal Diagne lui-même finit par reconnaître, dans une phrase alambiquée, que toute cette histoire de passeport diplomatique qu’il vend à grands coups médiatiques est du pur pipeau. Il dit, et je cite : « aucune notification écrite ne m’a été formellement faite de cette forme d’interdiction de sortie du territoire. » À bien lire, ce qui le dérange n’est pas tant l’interdiction en elle-même, mais qu’elle n’ait pas été communiquée sous une forme écrite et formelle. Donc, elle existe bien. Mais, subtilité administrative oblige, Madiambal Diagne préfère se présenter en victime d’un complot politique et d’État.

Ah, les subtilités administratives ! Pourtant, cela ne l’a pas empêché de dénoncer une « autocratie » rampante. C’est plutôt croustillant quand on sait qu’il a longtemps servi de porte-parole officieux pour Macky Sall, un président dont le bilan en matière de libertés publiques n’est pas vraiment une source de fierté : plus de 1 500 prisonniers politiques, des dizaines de morts et d’innombrables mutilés. Alors, Madiambal Diagne, autocratie, vraiment ? Mais ne nous arrêtons pas là. A-t-il oublié les années où il soutenait sans faillir des lois liberticides, justifiées par un besoin soi-disant impératif de « maintenir l’ordre public » ? Aujourd’hui, quand la roue tourne et qu’il se retrouve brièvement retenu sur le sol national, l’indignation est soudaine. Mais où était-elle lorsque des milliers de jeunes se voyaient refuser le droit de manifester, ou pire, d’exprimer leur opinion sous Macky Sall ? Ironie du sort, il semble que certains découvrent les vertus du droit à la liberté seulement quand ils en sont temporairement privés.

Monsieur Madiambal Diagne, toujours prêt à dégainer sa plume, non pas tant pour éclairer le débat public que pour servir ses petites croisades personnelles. Car il faut bien le dire, son journal semble plus souvent consacré à la défense de ses intérêts qu’à celle de la vérité journalistique. La neutralité ? Un concept dépassé pour monsieur Diagne, qui met son média au service de ses propres batailles, avec une ardeur admirable. Et comme il ne s’arrête jamais à une seule casquette, notre homme est également entrepreneur immobilier. Rien d’étonnant alors qu’il lui arrive de troquer son costume de journaliste pour celui d’homme d’affaires en difficulté, utilisant sa tribune pour défendre l’entrepreneur… qui, par un heureux hasard, n’est autre que lui-même ! Oh, ces moments délicieux où l’on voit Madiambal Diagne, avec son style d’écriture certes pas des plus alléchants, pondre de longs éditoriaux pour protéger ses propres affaires immobilières. Ah, le conflit d’intérêts ! Quand il nous tient… Mais après tout, pourquoi se priver d’un tel pouvoir quand on peut faire d’une pierre deux coups : mener ses combats personnels tout en continuant à jouer les éditorialistes en quête de justice.

Le marathon des ambitions politiques

Venons-en à Bougane Guèye Dany, magnat de la presse et candidat aux élections législatives anticipées. La situation devient particulièrement amusante avec lui, car il est un habitué des précampagnes. Ah, monsieur Bougane Guèye, ce talentueux animateur des périodes électorales, toujours prêt à tenir en haleine le microcosme politico-médiatique dakarois avec ses quêtes incessantes de parrainages. Lors des précédents scrutins, ses recherches infructueuses avaient au moins l’avantage de créer du suspense. Malheureusement pour ces législatives anticipées, il n’y a pas de parrainages. Cruel coup du sort ! Mais il faut bien exister, n’est-ce pas ?

Alors, faute de pouvoir s’affairer à cette activité familière, Bougane Guèye Dany a trouvé un autre moyen d’occuper la scène : Lives Facebook à répétition, conférences de presse, où il multiplie les déclarations injurieuses et séditieuses. Ce qu’il qualifie de « provocation » et d’« insulte à la démocratie » s’apparente davantage à une mise en scène politique. Il ferait bien de se souvenir que la présidentielle, la véritable, n’aura lieu qu’en 2029. En attendant, ses gesticulations médiatiques risquent de le fatiguer plus vite que prévu.

Et pourtant, avec toute cette énergie, ne serait-il pas plus productif de la canaliser vers l’élaboration d’un véritable projet politique ? Une stratégie bien pensée pourrait lui permettre de convaincre les Sénégalais autrement qu’en se posant en victime. Mais peut-être est-ce là trop lui demander. Après tout, réfléchir à un programme cohérent demande bien plus d’efforts que de crier au scandale à chaque occasion…

N’oublions pas non plus Cheikh Yerim Seck, ce journaliste devenu oracle du malheur, dont les prédictions sont aussi fiables que celles d’un horoscope du dimanche. À en croire ses dires, les chiffres du gouvernement sont des affabulations. Qu’importe les audits et les comptes certifiés, Cheikh Yerim Seck persiste et signe, clamant haut et fort que l’opacité règne. Pourtant, après chaque crise de dénégation, il se retrouve bien souvent dans les couloirs de la justice, obligé d’admettre que ses théories tiennent plus du fantasme que de la réalité. Mais peut-être est-ce là sa stratégie : une carrière forgée dans la répétition de prédictions erronées n’est-elle pas, après tout, une forme de succès en soi ?

Et puis, comment oublier cette sortie mémorable où monsieur Seck, avec toute la solennité du penseur en quête de répliques chocs, affirmait sans sourciller que, s’il le fallait, on pouvait bien sacrifier 90 % de la population pour que les 10 % restants puissent enfin vivre en paix. Rien que ça ! Il citait alors, à sa manière bien singulière, l’adage latin « dura lex, sed lex », comme si cette maxime justifiait un tel génocide « pour le bien commun ». Visiblement, Cheikh Yerim Seck, en bon expert de la nuance, avait compris cet adage dans un sens inédit.

Mais ce n’est pas tout. Rappelons que, quelques mois avant la présidentielle, au nom de ce qu’il considère être la « connaissance » dont il pense être l’incarnation vivante, il avait fermement déclaré qu’il était tout simplement impossible qu’un candidat remporte l’élection dès le premier tour. Ah, ce flair politique digne des plus grands ! Résultat des courses ? Bassirou Diomaye Faye a été élu au premier tour, avec une majorité éclatante. Mais ne le blâmons pas : après tout, il ne fait que perpétuer sa belle tradition d’erreurs prévisionnelles… avec une constance qui force l’admiration.

Quand le scénario de la répression s’effondre : la réalité du terrain

Finalement, tous ces personnages — journalistes, hommes politiques et autres personnalités convoquées — ont bel et bien été entendus par la justice. Si l’on prend au mot ceux qui dénoncent la situation actuelle, on se croirait en pleine dystopie orwellienne, où chaque mot prononcé est aussitôt puni de prison. Rien n’est plus faux ! Le Procureur a décidé de classer sans suite ces affaires. Il faut bien reconnaître que ces personnes convoquées ne représentent en réalité aucune menace politique sérieuse. D’ailleurs, rappelons qu’ils ne sont que quatre. Oui, quatre. Cela fait un peu léger pour une véritable rébellion, vous ne trouvez pas. Il serait même tentant, pour les plus enthousiastes, de les baptiser « la bande des quatre », en clin d’œil à la Révolution culturelle en Chine. Mais nos quatre personnalités ne méritent certainement pas un tel honneur. Aucunement comparables à leurs prédécesseurs historiques, ils ne sont que des figures médiatiques cherchant un instant de gloire éphémère.

On pourrait certes regretter la longueur des gardes à vue et les multiples retours de parquet, mais il faut reconnaître que le nouveau pouvoir a montré sa volonté d’en finir avec les errements du passé. En nommant aux ministères de la Justice et de l’Intérieur des personnalités fortes, non affiliées à PASTEF, le régime a donné un signal clair : l’attachement à l’État de droit est réel. Et que dire de l’organisation des Assises de la Justice, véritable cadre de réflexion et de réforme pour une justice plus transparente et indépendante ?

Ainsi, pour ceux qui se pressent de qualifier ce régime de liberticide, il serait peut-être bon de prendre un instant de recul, et de prendre au mot les actions réelles menées pour renforcer les institutions et garantir les libertés. La démocratie sénégalaise n’est pas en péril, bien au contraire : elle est en pleine refondation.