Une décennie de conflit au Mali : décryptage des enjeux d’une crise persistante

Article extrait d’une étude faite pour le Bureau régional de la Fondation Rosa Luxemburg. L’étude a été publiée en avril 2024. Le rapport intégral « Une décennie de lutte contre le terrorisme » est sur https://rosalux.sn/publications/

Dans cet article les derniers développements géopolitiques avec la création de l’AES ne sont pas discutés. Ils font l’objet d’un article en préparation.

Introduction

Depuis 2012, le Mali, autrefois considéré comme un bastion de stabilité en Afrique de l’Ouest, est plongé dans une crise profonde et multiforme. Le coup d’État de cette année-là a marqué le début d’une décennie de troubles qui ont mis à nu les faiblesses structurelles de l’État malien, tout en révélant les tensions sous-jacentes au sein de la société. Cette crise, initialement perçue comme une rébellion touarègue dans le Nord du pays, s’est rapidement transformée en un conflit complexe, impliquant une multitude d’acteurs, y compris des groupes djihadistes, des milices locales, et des forces internationales.

L’évolution des actes de violence au Mali est particulièrement frappante. Selon les données du Global Terrorism Index 2023, bien que le nombre total d’attaques ait légèrement diminué, le bilan humain est de plus en plus lourd. En 2022, le nombre de décès liés à des actes de violence a augmenté de plus de 50 % par rapport à l’année précédente, atteignant un niveau sans précédent depuis le début de la crise. Cette hausse de la létalité des attaques souligne l’aggravation de la situation sécuritaire, malgré les efforts des autorités maliennes et de leurs partenaires internationaux pour contenir la menace terroriste.

Les violences se sont concentrées principalement dans les régions du Nord et du Centre, mais elles ont aussi touché les abords de la capitale, Bamako. Les civils en sont les principales victimes, représentant plus de 64 % des décès enregistrés en 2022. Cette situation met en évidence les difficultés des stratégies de sécurité mises en œuvre jusqu’à présent, qui n’ont pas réussi à protéger les populations vulnérables ni à stabiliser durablement les zones de conflit.

La complexité de la crise malienne réside dans la multiplicité des facteurs qui la sous-tendent. D’une part, des causes historiques, telles que l’héritage colonial et les structures étatiques fragiles, ont joué un rôle crucial. D’autre part, des dynamiques contemporaines, comme la mondialisation néolibérale, les inégalités socio-économiques, et la radicalisation religieuse, ont exacerbé les tensions. Le Mali est ainsi devenu un terrain fertile pour les groupes djihadistes qui exploitent ces fractures pour étendre leur influence.

Cet article se propose de décrypter les racines profondes de cette crise, d’examiner les stratégies mises en place pour y remédier, et d’analyser les perspectives d’avenir pour ce pays. À travers une exploration des questions foncières, du capitalisme rural, et des crises spécifiques au Centre et au Nord du Mali, nous tenterons de comprendre comment ces éléments s’entrelacent pour alimenter un conflit qui semble aujourd’hui sans fin.

1. Contexte historique et géopolitique

La formation de l’État malien moderne est profondément marquée par son passé colonial. Sous la domination française, le territoire, alors appelé le Soudan français, fut intégré dans une structure étatique centrée sur l’exploitation des ressources agricoles et minières. À l’indépendance en 1960, le Mali hérite de frontières qui ne tiennent pas de réalités historiques des mouvements des populations et d’un État centralisé, sans véritables moyens de gouvernance efficace. Les disparités régionales et les divisions ethniques, exacerbées par la colonisation, deviennent alors des sources de tensions récurrentes. Le pacte colonial franco-africain a également laissé une empreinte durable, rendant le Mali dépendant des puissances étrangères pour son développement.

L’intégration du Mali dans la mondialisation néolibérale des années 1980 a entraîné des conséquences profondes sur le tissu social et économique du pays. Le capitalisme rural, imposé par les réformes de libéralisation, a transformé les pratiques agricoles et modifié les structures foncières traditionnelles. Les terres, autrefois gérées selon des systèmes coutumiers, ont été progressivement marchandisées, favorisant l’essor des grandes exploitations agricoles au détriment des petites fermes familiales. Cette transition rapide vers un capitalisme agraire a exacerbé les inégalités sociales et économiques, créant des tensions accrues dans les zones rurales.

2. Les déterminants de la crise malienne

Le Mali se classe parmi les pays les plus pauvres du monde, avec un Indice de Développement Humain (IDH) en 2021 de 0,428, le plaçant au 186e rang mondial. La pauvreté, combinée à une croissance démographique rapide, constitue un facteur majeur de l’instabilité du pays. Le taux de pauvreté multidimensionnelle, qui prend en compte la santé, l’éducation et le niveau de vie, touche 68,3 % de la population. La faiblesse des infrastructures, l’accès limité aux services de base, et la précarité des emplois créent un terreau fertile pour le mécontentement social et l’émergence de conflits.

La déstabilisation du monde rural au Mali est en grande partie liée aux tensions autour de l’accès à la terre. Les terres, historiquement régies par des droits coutumiers, ont été progressivement marchandisées, notamment avec l’introduction de nouvelles cultures de rente et l’arrivée d’investisseurs privés. Cette évolution a entraîné une individualisation des droits fonciers, souvent au détriment des communautés locales. La compétition pour l’accès aux terres fertiles, exacerbée par la pression démographique et les changements climatiques, a conduit à des conflits récurrents entre agriculteurs et éleveurs, et parfois entre communautés sédentaires et nomades. L’incapacité de l’État à arbitrer ces conflits a souvent laissé les populations locales livrées à elles-mêmes, favorisant l’escalade de la violence.

La crise malienne est également alimentée par des revendications identitaires et socio-économiques. Les populations du Nord, notamment les Touaregs, se sentent historiquement marginalisées par le pouvoir central de Bamako. La rébellion touarègue de 2012, bien que rapidement récupérée par des groupes djihadistes, reflète un malaise profond lié à des décennies de négligence et d’injustice perçue. De même, les Peuls du Centre du Mali, qui se perçoivent comme victimes de stigmatisation et de marginalisation, sont de plus en plus attirés par les discours djihadistes, qui leur promettent protection et justice.

3. L’Islam au Mali : Diversité religieuse et tensions internes

L’Islam est présent au Mali depuis des siècles, introduit par les commerçants arabes bien avant l’arrivée des colonisateurs européens. Initialement adopté par les élites dirigeantes, l’Islam s’est progressivement diffusé parmi la population, mais il n’a jamais été monolithique. Au contraire, le Mali se distingue par la pluralité de ses expressions religieuses. Les deux principales confréries soufies, la Tijâniyya et la Qâdiriyya, jouent un rôle central dans la vie religieuse malienne, en particulier dans les zones rurales.

Ces confréries ne sont pas seulement des organisations religieuses, mais aussi des acteurs politiques influents. Par leur réseau d’établissements et leur clientèle de notables, elles exercent une influence considérable sur la société malienne. Cependant, cette domination est aujourd’hui contestée par de nouveaux mouvements religieux, notamment le wahhabisme, qui gagne du terrain dans les grandes villes et parmi les élites éduquées.

Le wahhabisme, apparu au Mali dans les années 1940-1950, prône un retour aux sources de l’Islam, critiquant les pratiques des confréries soufies. Ses adeptes, formés dans les universités islamiques du Moyen-Orient, jouent un rôle croissant dans la vie politique et religieuse du Mali. Cette dynamique de réislamisation, accentuée par les crises successives, a conduit à l’émergence de groupes djihadistes qui exploitent les frustrations sociales et les divisions religieuses pour étendre leur influence.

4. Les principaux acteurs du conflit et l’économie politique des crises

Le Nord du Mali est le théâtre d’une rébellion touarègue récurrente, souvent perçue comme une revendication identitaire mais qui s’inscrit également dans une économie politique spécifique. Les Touaregs, ont vu leur situation se détériorer avec l’introduction de politiques économiques néolibérales. L’économie informelle, basée sur le commerce transsaharien, a été progressivement supplantée par des réseaux illicites de trafic de drogue, d’armes et d’êtres humains. Les groupes djihadistes, en s’emparant de cette économie parallèle, ont consolidé leur emprise sur la région, transformant le Nord du Mali en une zone grise échappant au contrôle de l’État.

Dans le Centre du Mali, la crise est également liée à des dynamiques économiques et politiques complexes. La montée en puissance des milices locales et des groupes d’autodéfense, souvent organisés sur des bases communautaires, est une réponse à la faiblesse de l’État face à l’insécurité croissante. Cependant, ces groupes contribuent également à l’escalade des conflits intercommunautaires, notamment entre agriculteurs sédentaires et éleveurs nomades. Les Peuls, souvent stigmatisés et accusés de collusion avec les djihadistes, ont été particulièrement touchés par ces violences. L’économie politique de la région, marquée par la précarité et l’exclusion, alimente ainsi un cycle de violence difficile à briser.

L’intervention militaire française, d’abord avec l’opération Serval en 2013, puis avec l’opération Barkhane, visait à stabiliser la région en neutralisant les groupes djihadistes. Cependant, malgré un succès initial, ces interventions n’ont pas réussi à éradiquer la menace terroriste. Au contraire, la présence militaire étrangère a été perçue comme une ingérence, provoquant des tensions entre la France et le gouvernement malien, qui ont culminé avec le retrait des troupes françaises en 2022. Les échecs répétés des initiatives internationales soulignent la nécessité d’une approche plus intégrée, tenant compte des réalités socio-économiques et politiques locales.

5. Conséquences et perspectives

La crise malienne a des conséquences dévastatrices sur l’économie du pays. La destruction des infrastructures, la fermeture des écoles et la perturbation des activités agricoles ont plongé des millions de Maliens dans une situation d’insécurité alimentaire et de pauvreté accrue. Le déplacement forcé de populations, avec plus de 401 000 personnes déplacées en 2022, accentue la pression sur les ressources déjà limitées.

Les violences ont provoqué une véritable crise humanitaire, avec des milliers de personnes forcées de fuir leurs foyers. Les camps de déplacés, principalement dans les régions centrales et septentrionales, sont confrontés à des conditions de vie extrêmement précaires, exacerbées par le manque d’accès aux services de base.

Pour sortir de l’impasse, il est crucial d’adopter une approche inclusive qui prenne en compte les réalités socio-économiques et culturelles du Mali. Une résolution durable de la crise passe par le renforcement de l’État, la promotion du développement économique, et la réconciliation nationale. Les initiatives locales, telles que les accords de paix intercommunautaires, pourraient offrir des modèles viables pour une paix durable, à condition qu’elles soient soutenues par des réformes politiques et économiques en profondeur.

Conclusion

La crise malienne, qui perdure depuis plus d’une décennie, incarne la complexité des conflits contemporains en Afrique de l’Ouest, où se mêlent héritages historiques, pressions économiques, revendications identitaires et dynamiques géopolitiques. Le Mali, autrefois considéré comme un exemple de stabilité démocratique dans la région, se trouve aujourd’hui confronté à des défis d’une ampleur sans précédent.

Cette crise ne peut être comprise sans une analyse des multiples facteurs qui l’ont alimentée. L’héritage colonial a laissé au Mali un État aux fondations fragiles, incapable de répondre efficacement aux besoins de sa population. La mondialisation néolibérale, avec ses réformes économiques souvent imposées de l’extérieur, a accentué les inégalités sociales et économiques, en particulier dans les zones rurales, où la marchandisation des terres a exacerbé les tensions foncières et miné les systèmes de gouvernance traditionnelle. Les revendications identitaires, portées notamment par les Touaregs du Nord et les Peuls du Centre, se sont trouvées exacerbées par une marginalisation économique et politique qui remonte à des décennies.

L’analyse de la situation sécuritaire montre que, malgré les interventions militaires nationales et internationales, la violence s’est intensifiée, avec une augmentation alarmante du nombre de victimes civiles. Les groupes djihadistes, profitant du vide sécuritaire et de l’effritement de l’autorité de l’État, ont consolidé leur présence, non seulement au Nord, mais aussi dans le Centre du pays. La prolifération des milices locales et des groupes d’autodéfense, bien que compréhensible en l’absence de protection étatique, a contribué à la fragmentation du paysage sécuritaire et à l’escalade des conflits intercommunautaires.

L’impact de cette crise est dévastateur. Le tissu économique du Mali, déjà fragile, a été sérieusement endommagé. Les infrastructures sont en ruines, l’insécurité alimentaire est endémique, et des centaines de milliers de personnes ont été déplacées, souvent dans des conditions de vie extrêmement précaires. L’éducation et la santé, deux piliers essentiels pour l’avenir d’une nation, ont été gravement affectées par les fermetures d’écoles et les attaques contre les centres de santé.

Pourtant, malgré la gravité de la situation, des pistes de résolution existent. La stabilisation du Mali passe par une révision profonde des stratégies jusqu’ici adoptées. Il ne s’agit plus seulement de mener des opérations militaires contre les groupes armés, mais de s’attaquer aux racines mêmes des conflits. Cela implique de repenser la gouvernance du pays, de renforcer les institutions étatiques, et de promouvoir une véritable décentralisation qui permette aux populations locales de participer activement à la gestion de leurs affaires. Il est également crucial de revitaliser l’économie rurale, de réformer le système foncier pour réduire les tensions et de créer des opportunités économiques pour la jeunesse, qui est souvent la première victime du chômage et de la pauvreté.

La réconciliation nationale est un autre pilier essentiel. Les efforts de paix doivent inclure toutes les composantes de la société malienne, en particulier les groupes marginalisés qui se sentent exclus du processus politique. Un dialogue inclusif, où toutes les voix sont entendues, est indispensable pour reconstruire la confiance et créer un sentiment d’unité nationale.

Enfin, la communauté internationale doit repenser son approche au Mali. Plutôt que de se concentrer exclusivement sur les aspects sécuritaires, il est crucial de soutenir des initiatives locales et de promouvoir des solutions endogènes qui prennent en compte les réalités du terrain. Les programmes de développement doivent être conçus de manière à renforcer la résilience des communautés locales face aux chocs économiques et climatiques.

En somme, la sortie de crise au Mali nécessite une approche holistique qui combine sécurité, développement, justice sociale et réconciliation. Le chemin sera long et semé d’embûches, mais il est essentiel pour que le Mali retrouve la paix et la stabilité. Le pays doit, avec l’aide de ses partenaires, construire un avenir où les aspirations de tous ses citoyens, quelles que soient leurs origines, puissent être pleinement réalisées.

Sahel : le Militarisme Franco-Africain en échec face à la complexité régionale

Article extrait d’une étude faite pour le Bureau régional de la Fondation Rosa Luxemburg. L’étude a été publiée décembre 2021. Le rapport intégral est sur https://rosalux.sn/publications/

Depuis l’intervention de l’OTAN en Libye en 2011, la région du Sahel est devenue l’épicentre d’une crise multidimensionnelle qui continue de s’aggraver. Les pays du Sahel, déjà marqués par des défis socio-économiques et environnementaux considérables, ont été plongés dans une spirale de violence et d’instabilité à cause des répercussions de cette guerre. La chute de Mouammar Kadhafi a entraîné une prolifération des armes et une mobilité accrue des groupes armés à travers la région, exacerbant les conflits existants et en générant de nouveaux.

Aujourd’hui, les nations sahéliennes, notamment le Burkina Faso, le Mali, le Niger, la Mauritanie et le Tchad, sont confrontées à une insécurité chronique, marquée par des actes de terrorisme djihadiste, des conflits communautaires autour de l’accès aux ressources naturelles, et une répression souvent brutale de la part des forces de défense et de sécurité. Ce cocktail explosif a non seulement conduit à une catastrophe humanitaire, avec des millions de personnes déplacées et une insécurité alimentaire croissante, mais a également mis en lumière les limites de l’approche militariste adoptée par la France et ses alliés pour gérer la situation.

L’Échec de l’Approche Militariste

L’opération Barkhane, lancée en 2014, est la plus grande intervention militaire française en Afrique depuis plusieurs décennies. Elle avait pour objectif de stabiliser la région en neutralisant les groupes djihadistes actifs au Sahel. Cependant, près d’une décennie après son lancement, les résultats escomptés ne sont pas au rendez-vous. Les violences continuent d’augmenter, et la présence militaire française est de plus en plus perçue comme une force d’occupation par les populations locales, suscitant un ressentiment croissant.

La multiplication des opérations militaires dans la région — impliquant non seulement la France, mais aussi d’autres puissances occidentales comme les États-Unis et des missions multilatérales telles que la MINUSMA — a engendré un véritable « embouteillage sécuritaire ». Cette prolifération d’acteurs militaires n’a pas réussi à inverser la tendance à la dégradation de la sécurité. Au contraire, elle a souvent aggravé la situation en fragmentant davantage le tissu social et en alimentant le cycle de la violence.

De plus, l’approche strictement sécuritaire ignore les racines profondes de la crise sahélienne, qui sont d’ordre socio-économique, politique et environnemental. Les pays du Sahel sont parmi les plus pauvres du monde, avec des indices de développement humain très bas, une pauvreté endémique et des inégalités criantes. Ces conditions de vie difficiles alimentent le désespoir, en particulier chez les jeunes, et rendent les populations vulnérables au recrutement par les groupes armés.

Les Racines Complexes de la Crise Sahélienne

Pour comprendre l’ampleur de la crise sahélienne, il est essentiel d’analyser les nombreux facteurs qui la sous-tendent. Le Sahel est une région semi-aride où le climat difficile et la rareté des ressources naturelles exacerbent les tensions entre communautés. L’agriculture, qui est le principal moyen de subsistance pour la majorité de la population, est particulièrement vulnérable aux aléas climatiques, tels que les sécheresses et les inondations. Ces phénomènes climatiques extrêmes, combinés à la dégradation des sols et à la désertification, rendent l’agriculture de moins en moins viable, ce qui pousse les communautés à entrer en conflit pour l’accès à la terre et à l’eau.

Les pays du Sahel sont également caractérisés par une forte croissance démographique. Avec un taux de fécondité parmi les plus élevés au monde, la population de la région a été multipliée par neuf en soixante-dix ans, passant de 10 millions en 1950 à 90 millions en 2020. Cette explosion démographique crée une pression énorme sur les ressources disponibles et sur les services publics, qui sont déjà insuffisants. L’urbanisation rapide exacerbe ces tensions, car les villes, qui attirent de plus en plus de monde, ne sont pas en mesure de fournir les infrastructures et les emplois nécessaires pour accueillir cette population croissante.

En plus de ces défis économiques et démographiques, les pays sahéliens sont confrontés à des institutions étatiques faibles et souvent illégitimes. Les États du Sahel, héritiers des structures coloniales, peinent à imposer leur autorité sur l’ensemble de leur territoire, laissant de vastes zones aux mains de groupes armés ou de milices d’autodéfense. Cette incapacité des États à gouverner efficacement renforce le sentiment de marginalisation et d’injustice parmi les populations locales, qui se tournent alors vers des alternatives violentes pour faire valoir leurs droits et protéger leurs intérêts.

La Dimension Géopolitique et l’Influence Étrangère

Sur le plan géopolitique, le Sahel est devenu un champ de bataille pour diverses puissances étrangères, chacune poursuivant ses propres intérêts stratégiques. La France, en particulier, voit dans le Sahel une zone d’influence historique qu’elle entend préserver à tout prix. Cela se traduit par une présence militaire continue et une implication économique via des multinationales françaises, notamment dans les secteurs miniers et énergétiques.

Cependant, la France n’est pas la seule puissance étrangère active dans la région. La montée en puissance de nouveaux acteurs, comme la Chine et la Russie, ainsi que le retour des États-Unis avec l’AFRICOM, ont complexifié le paysage géopolitique du Sahel. Ces nouvelles dynamiques internationales ajoutent une couche supplémentaire de complexité à la crise, les différentes puissances se livrant une lutte d’influence qui vient s’ajouter aux conflits locaux.

La compétition géopolitique a également eu pour effet de militariser encore davantage la région, chaque puissance cherchant à protéger ses intérêts économiques et stratégiques par la force, plutôt que par la diplomatie ou le développement. Cette militarisation accrue n’a fait qu’alimenter le cycle de violence et renforcer les groupes armés, qui se nourrissent de l’instabilité et du chaos.

Les Conséquences de la Guerre en Libye

L’intervention en Libye en 2011 a été un véritable catalyseur pour la crise actuelle au Sahel. La chute du régime de Kadhafi a laissé un vide sécuritaire qui a été rapidement exploité par divers groupes armés, y compris des djihadistes. La Libye, autrefois un partenaire économique et politique clé pour les pays sahéliens, est devenue une source d’insécurité pour toute la région.

Le retour des mercenaires, la prolifération des armes et l’effondrement de l’État libyen ont eu des effets dévastateurs sur la sécurité au Sahel. Les groupes armés qui opèrent dans la région, qu’il s’agisse de djihadistes, de rebelles ou de criminels, ont pu se réapprovisionner en armes et en munitions, et recruter de nouveaux combattants, exacerbant ainsi l’insécurité.

Cette situation a également entraîné un afflux de réfugiés dans les pays sahéliens, déjà débordés par leurs propres problèmes internes. Ces réfugiés, souvent marginalisés et sans moyens de subsistance, sont devenus des cibles faciles pour le recrutement par les groupes armés, alimentant ainsi la violence et l’instabilité.

La Montée en Puissance des Groupes Armés Non-Étatiques

Les groupes armés non-étatiques, qu’ils soient djihadistes, rebelles ou milices d’autodéfense, jouent un rôle central dans la crise sahélienne. Depuis l’intervention militaire française au Mali en 2013, la configuration des forces djihadistes dans la région a évolué de manière significative. Les groupes autrefois dominés par des combattants étrangers ont été rejoints par des locaux, et certains chefs de guerre sont devenus des figures influentes au niveau régional.

Le Jama’at Nusrat al Islam wal Muslimin (JNIM), un regroupement de plusieurs factions djihadistes sous l’égide d’Al-Qaïda au Maghreb islamique (AQMI), est l’un des acteurs principaux de la violence au Sahel. Ce groupe, dirigé par Iyad Ag Ghali, un vétéran des rébellions touarègues, contrôle de vastes territoires au Mali et étend ses opérations au Burkina Faso et au Niger. Il se nourrit du ressentiment des populations locales contre les gouvernements centraux et des inégalités économiques persistantes.

L’État islamique au Grand Sahara (EIGS), affilié à l’État islamique, est un autre acteur clé. Son leader, Adnane Abou Walid al-Sahraoui, ancien chef militaire d’AQMI, a transformé le groupe en une force redoutable, capable de mener des attaques meurtrières contre les forces de sécurité et les civils. Le JNIM et l’EIGS sont en compétition pour le contrôle des territoires, mais ils collaborent parfois pour faire face à leurs ennemis communs.

Les Limites de la Réponse Militaire et l’Importance des Solutions Politiques

La persistance de la violence et l’aggravation de la crise humanitaire au Sahel montrent clairement les limites de l’approche militaire adoptée par la France et ses alliés. Les opérations militaires, bien qu’elles aient permis de contenir temporairement certaines menaces, n’ont pas réussi à éradiquer les groupes armés ni à stabiliser la région. Au contraire, elles ont souvent renforcé ces groupes en leur fournissant des narratifs anti-impérialistes et en aggravant les ressentiments locaux.

Il est désormais évident qu’une solution durable à la crise sahélienne doit passer par des approches politiques et économiques. Les États sahéliens, avec l’aide de la communauté internationale, doivent s’engager dans un dialogue inclusif avec toutes les parties prenantes, y compris les groupes armés, pour parvenir à une paix négociée. Cela implique de s’attaquer aux causes profondes de la violence, telles que la pauvreté, l’injustice sociale, et l’absence de perspectives pour les jeunes.

Les stratégies de développement doivent être repensées pour répondre aux besoins des populations locales, en mettant l’accent sur la redistribution équitable des ressources, l’amélioration des services publics, et la création d’emplois. Il est également crucial de renforcer les institutions étatiques, afin qu’elles puissent jouer leur rôle de garant de la sécurité et du développement, plutôt que de simples relais des intérêts étrangers.

Conclusion : Vers un Nouveau Paradigme pour le Sahel

La crise sahélienne est un défi complexe qui ne peut être résolu par des moyens militaires seuls. Elle nécessite une approche globale, intégrant des solutions politiques, économiques et sociales, pour s’attaquer aux racines profondes de l’instabilité. La France et ses alliés doivent revoir leur stratégie au Sahel, en privilégiant le dialogue et la coopération avec les acteurs locaux, plutôt que l’imposition de solutions militaires qui ont déjà prouvé leur inefficacité.

Le Sahel ne pourra sortir de l’impasse actuelle que si ses États parviennent à renforcer leurs institutions, à restaurer la confiance de leurs populations, et à créer des conditions propices à un développement inclusif et durable. C’est un défi de taille, mais c’est également une opportunité pour repenser les relations entre l’Afrique et l’Occident, sur des bases de respect mutuel et de solidarité.

Les Mouvements Sociaux en Afrique subsaharienne : Une Ébullition Prérévolutionnaire

Communication à l’Université d’été du PCF.  Aix-en-Provence 27,28, 29 août 2021

Introduction

De la région sahélienne, où le désert avance inexorablement, à la Corne de l’Afrique, où les conflits semblent sans fin, en passant par les grandes villes comme Douala, Maputo, et Kinshasa, l’Afrique subsaharienne est aujourd’hui au centre d’une effervescence sociale sans précédent. Ce vaste territoire, riche en diversité culturelle, ethnique et linguistique, est aussi le théâtre de mouvements sociaux intenses et parfois violents. Ces mouvements, qui dépassent souvent le cadre des revendications économiques pour embrasser des aspirations politiques et sociales plus larges, sont les signes d’une transformation en profondeur de la région.

L’Afrique subsaharienne, bien que souvent perçue comme un continent en difficulté, est en réalité un foyer de résistance et d’innovation sociale. Les jeunes, en particulier, sont à l’avant-garde de ces luttes, refusant de se résigner à un avenir de pauvreté et d’injustice. Ils sont les porteurs d’une vision nouvelle, d’une Afrique qui pourrait se libérer des chaînes du néocolonialisme, des régimes autoritaires, et des politiques économiques destructrices imposées par des institutions internationales telles que le Fonds Monétaire International (FMI) et la Banque Mondiale. Ce désir de changement est omniprésent et traverse toutes les couches de la société, de la rue aux réseaux sociaux, des campagnes aux villes, et des organisations de la société civile aux mouvements religieux.

I. Qu’est-ce qu’un mouvement social ?

Un mouvement social, tel que défini par les grands sociologues François Chazel et Alain Touraine, est une forme d’action collective organisée qui cherche à promouvoir ou à empêcher un changement social ou politique. Selon Erik Neveu, dans son ouvrage *Sociologie des mouvements sociaux*, ces mouvements se caractérisent par une mobilisation coordonnée d’acteurs sociaux autour d’une cause commune, souvent en opposition à un pouvoir ou à une autorité perçue comme oppressive. En Afrique subsaharienne, cette définition prend tout son sens, car les mouvements sociaux de la région sont souvent une réponse directe à des systèmes de pouvoir autoritaires et à des politiques économiques néolibérales qui ont exacerbé les inégalités et la pauvreté.

Les mouvements sociaux en Afrique subsaharienne sont multiples et variés, allant des manifestations de rue spontanées aux organisations structurées de la société civile. Ils se manifestent par des grèves, des sit-ins, des marches pacifiques, mais aussi par des formes de résistance plus radicales. Les jeunes, les femmes, les travailleurs, et les groupes marginalisés prennent de plus en plus la parole, utilisant les nouveaux outils de communication comme les réseaux sociaux pour organiser, mobiliser et sensibiliser à leur cause. Ces mouvements sont souvent la seule réponse possible face à l’inefficacité ou à l’absence des partis politiques traditionnels, qui sont perçus comme étant complices du statu quo.

II. Typologie des mouvements sociaux

Selon la typologie des mouvements sociaux proposée par Kriesi en 1993, il est possible de classer ces mouvements en différentes catégories en fonction de leurs objectifs et de leurs modes d’action. Cette typologie distingue notamment les organisations de soutien, qui fournissent des services aux membres du mouvement ; les groupes d’entraide, qui favorisent la solidarité entre les participants ; les cercles de sociabilité, qui créent des liens sociaux entre les individus; les représentations politiques, qui visent à influencer les décisions des autorités; et les organisations de mobilisation politique, qui cherchent à mobiliser les masses pour provoquer un changement social ou politique.

En Afrique subsaharienne, ces différentes catégories se retrouvent dans la diversité des mouvements qui animent la région. Par exemple, les organisations de soutien peuvent être vues dans les associations qui aident les populations déplacées par les conflits ou les catastrophes naturelles. Les groupes d’entraide se manifestent souvent sous la forme de coopératives agricoles ou de cercles de microfinance qui soutiennent les communautés locales. Les cercles de sociabilité sont présents dans les organisations communautaires qui se forment autour de pratiques culturelles ou religieuses. Les représentations politiques sont incarnées par les partis d’opposition et les groupes d’intérêt qui cherchent à influer sur les politiques publiques. Enfin, les organisations de mobilisation politique sont visibles dans les mouvements de protestation qui se multiplient à travers le continent, exigeant des réformes et des changements radicaux.

III. Le contexte géographique : L’Afrique subsaharienne

L’Afrique subsaharienne, une vaste région qui s’étend sur plus de 24 millions de kilomètres carrés, est un territoire d’une immense diversité. Composée de 48 pays, cette région abrite une population de plus de 1,1 milliard d’habitants, soit environ 14 % de la population mondiale en 2019. Cette population est en pleine expansion, avec des projections démographiques indiquant qu’elle pourrait quadrupler d’ici 2100 pour atteindre près de 3,7 milliards d’individus. Cette croissance démographique rapide pose des défis majeurs en termes de développement économique, de gestion des ressources naturelles, et de stabilité politique.

L’Afrique subsaharienne est également une région marquée par des disparités économiques considérables. Alors que certains pays, comme le Nigeria et l’Afrique du Sud, disposent de vastes ressources naturelles et d’une économie relativement développée, d’autres, comme le Niger et le Mali, figurent parmi les plus pauvres du monde. Cette hétérogénéité économique se traduit par des niveaux de vie très différents et par des tensions sociales croissantes. En outre, la région est confrontée à des défis environnementaux majeurs, tels que la désertification, les sécheresses récurrentes, et la déforestation, qui aggravent les problèmes de pauvreté et d’inégalité.

IV. Les causes des révoltes en Afrique

Les causes des révoltes en Afrique subsaharienne sont profondes et multiples. Tout d’abord, la pression démographique croissante exerce une pression énorme sur les ressources naturelles, en particulier les terres agricoles, ce qui entraîne des conflits fonciers. Ces conflits sont souvent exacerbés par la corruption endémique et la mauvaise gouvernance, qui empêchent une gestion équitable des ressources. En outre, la crise de l’économie traditionnelle, notamment l’agriculture, pousse de nombreux jeunes à migrer vers les villes en quête d’emploi, mais ils y trouvent souvent des conditions de vie précaires et des taux de chômage élevés.

La lutte pour l’égalité sociale est une autre cause majeure de mobilisation en Afrique subsaharienne. Les femmes, les jeunes, et les groupes marginalisés, tels que les minorités ethniques et les personnes vivant en milieu rural, se battent pour obtenir une place plus juste dans la société. Les politiques néolibérales imposées par les institutions internationales, comme le FMI et la Banque mondiale, ont souvent conduit à la privatisation des services publics, à la réduction des subventions et à l’augmentation des inégalités. En réponse, de nombreux mouvements sociaux se sont formés pour contester ces politiques et exiger un accès équitable aux services de base tels que l’éducation, la santé et l’eau potable.

L’accaparement des terres, souvent par des entreprises étrangères ou des élites locales, est une autre cause importante de révolte. Ce phénomène prive les communautés locales de leurs moyens de subsistance et exacerbe les tensions sociales. La lutte pour le pouvoir d’État, souvent marquée par des élections contestées et des coups d’État militaires, est également une source de mobilisation. Les citoyens se révoltent contre des régimes autoritaires qui utilisent la répression et la manipulation pour se maintenir au pouvoir. Enfin, la résistance contre l’imposition de valeurs perçues comme étrangères, notamment dans les domaines de la culture et de la religion, alimente les mouvements sociaux, en particulier dans les régions où l’influence occidentale est perçue comme une menace pour les traditions locales.

V. Les formes des mobilisations

Les mobilisations en Afrique subsaharienne prennent des formes variées et souvent innovantes. La rue reste un lieu de protestation privilégié, où des millions de personnes se rassemblent pour exprimer leur mécontentement. Les médias jouent également un rôle crucial en diffusant les revendications des manifestants et en attirant l’attention internationale sur leurs causes. Les réseaux sociaux, en particulier, ont révolutionné la manière dont les mouvements sociaux s’organisent et se mobilisent. Grâce à des plateformes comme Facebook, Twitter et WhatsApp, les militants peuvent diffuser leurs messages instantanément, coordonner des actions en temps réel et mobiliser des soutiens à travers le continent et au-delà.

Les mouvements citoyens sont parmi les plus dynamiques en Afrique subsaharienne. Des initiatives telles que Y’en a marre au Sénégal, Balai citoyen au Burkina Faso, et La Lucha en République démocratique du Congo, ont émergé en réponse à l’échec des régimes à répondre aux aspirations des populations. Ces mouvements, souvent dirigés par des jeunes, se sont distingués par leur créativité et leur capacité à mobiliser les masses. Par exemple, Y’en a marre a utilisé la musique rap pour sensibiliser et galvaniser les jeunes Sénégalais, tandis que Balai citoyen a organisé des manifestations pacifiques mais déterminées pour dénoncer la corruption et exiger des réformes.

Les mouvements religieux jouent également un rôle de plus en plus important dans les mobilisations sociales en Afrique subsaharienne. Le salafisme et le pentecôtisme, en particulier, sont devenus des moyens de mobilisation pour ceux que l’on appelle les « en bas d’en bas », c’est-à-dire les couches les plus pauvres et les plus marginalisées de la société. Ces mouvements religieux offrent non seulement un cadre spirituel, mais aussi un réseau de soutien social et une plateforme pour exprimer des revendications politiques et économiques. Cependant, ils peuvent aussi générer de la violence, notamment lorsqu’ils sont utilisés pour légitimer des actions extrémistes ou pour justifier des conflits interreligieux.

VI. Les exemples de mouvements significatifs

L’un des exemples les plus emblématiques de la puissance des mouvements sociaux en Afrique subsaharienne est la chute du dictateur Omar Al-Béchir au Soudan en 2019. Ce renversement a été précédé par des mois de manifestations massives, initiées par l’Association des professionnels soudanais (APS). Ce qui avait commencé comme une protestation contre la hausse des prix du pain et des denrées de première nécessité s’est rapidement transformé en un mouvement politique exigeant la fin de plusieurs décennies de règne autoritaire. Malgré une répression violente, les manifestants ont persisté, et leur détermination a finalement conduit à la chute d’Omar Al-Béchir, marquant ainsi un tournant majeur dans l’histoire du Soudan.

Un autre exemple significatif est la mobilisation populaire au Togo en 2017 et 2018. Ces manifestations, qui ont rassemblé des centaines de milliers de partisans de l’opposition, visaient à réclamer une alternance politique et la mise en œuvre de réformes constitutionnelles promises de longue date. Bien que le régime en place ait réussi à se maintenir, ces manifestations ont révélé la profondeur du mécontentement populaire et ont montré que la population togolaise est prête à lutter pour ses droits, malgré les risques de répression.

Conclusion

L’Afrique subsaharienne se trouve à un moment crucial de son histoire. Les mouvements sociaux qui traversent le continent sont le reflet d’une frustration accumulée face à des décennies de mauvaise gouvernance, d’injustices économiques et sociales, et de répression politique. Ces mouvements, bien que confrontés à des obstacles considérables, témoignent de la résilience et de la détermination des populations africaines à construire un avenir meilleur. Les succès de certains mouvements, comme au Soudan, montrent que le changement est possible, même dans les contextes les plus difficiles. Cependant, il est également clair que ces luttes sont loin d’être terminées, et que les défis à venir seront nombreux.

La montée de l’autoritarisme, le silence complice des grandes puissances internationales, et l’instabilité croissante dans certaines régions du continent, notamment à cause du djihadisme et des conflits ethniques, rendent l’avenir incertain. Mais l’histoire récente de l’Afrique subsaharienne montre que les peuples de cette région ne sont pas passifs face à leur sort. Ils sont prêts à se battre pour leurs droits et leur dignité, à inventer de nouvelles formes de résistance, et à tracer des chemins vers un avenir plus juste et plus équitable. Le bouillonnement actuel est peut-être le prélude à des transformations encore plus profondes, qui pourraient redéfinir non seulement l’Afrique subsaharienne, mais aussi son rôle dans le monde.

Sources et Bibliographie

Les données ouvertes de la Banque mondiale

https://donnees.banquemondiale.org

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